Jour 12 (24 mai)
05h : TERRE EN VUE!!!
Hier soir, le mauvais temps de la journée a laissé la place à un calme plat : nous avons dû, encore une fois en pleine nuit, rentrer le peu de voile que nous avions encore et augmenter le régime du moteur, nous n’avancions plus et le courant nous déportait à l’ouest d’Anguilla, que nous préférions contourner par l’est.
Les feux de position improvisés ont tenu le coup, les piles fonctionnaient encore ce matin.
Nos périodes de dodo étant constamment interrompues, nous devions lutter contre le sommeil pendant nos périodes de quart. Inutile de dire qu’à 03h, je ne me suis pas attardée, même pour attendre de voir les premières lueurs de la civilisation.
Je me suis tout de même relevée à 05h, avec le soleil, et j’ai pu voir au loin une bande de terre!
Nous avions assez d’énergie (l'énergie des batteries, pas la nôtre!!!) pour alimenter le poêle à gaz, j’ai fait du café. En sortant du cockpit, je fais «AAAAAAH!». Nous n’étions qu’à une centaine de mètres d’une falaise! La terre, qui me semblait un concept tout théorique, même quand je la voyais de loin, s’était rapidement rapprochée! Nous y étions pour de vrai!!!
Nous avions rattrapé notre dérive en ouest, ce qui nous permettait de passer comme prévu à l’est d’Anguilla. Paul, qui connaît bien le coin, décide de prendre un raccourci : entre Anguilla et l’île Scrub, il y a un petit passage d’une centaine de mètres de large, qui nous évite un détour de plus d’une heure.
Le passage me semble bien étroit, moi qui suis habituée de barrer en pouvant jouer des coudes avec un jeu de 500 milles marins de chaque côté. Tant pis, on passe!
Puis les nuages se sont tassés, comme par magie...
Hier soir, sous la pluie et le vent, nous faisions des projets pour le lendemain : Douche? Resto? Avion? Téléphone? Mais tout ça avait la saveur d’un rêve, nous n’y croyions pas trop. Ce matin, par contre, c’est du concret!
Aussitôt après notre périlleux passage du petit chenal, un gros arc-en-ciel nous a accueillis!
07h50 : Nous sommes entre les îles de St-Martin et Anguilla. On commence à voir St-Martin au travers de la brume... Nous hissons le drapeau français...
09h : Nous sommes dans la baie de Marigot, notre point d’ancrage! 09h pile, nous avons la main sur la clé du moteur pour enfin pouvoir l’arrêter! Nous n’en aurons plus besoin. Le moment est sacré, nous retenons notre souffle…
...et le moteur ne s’arrête pas! Dernier pied-de-nez, lui qui nous a causé tant d’inquiétudes de peur de le voir s’arrêter, il refuse maintenant de se taire!
Allez zou! La manette des gaz à zéro et peuf peuf, il s’éteint enfin.
Le calme.
La quiétude.
Nous n’en revenons pas. Le silence nous fait mal aux oreilles. Nous parlons en chuchotant pendant quelques minutes…
Nous procédons ensuite aux tâches d’arrivée. Il faut ranger un peu le bateau, préparer le dingy, vérifier si le moteur hors-bord fonctionne toujours, en trouver le réservoir d’essence, trouver les rames, au cas. Préparer aussi les poubelles, qui ont été entreposées dans le dingy durant le voyage. Mais la gestion en a été si bien faite que nous n’avons produit que des poubelles qui sentent bon. Il faut aussi pomper les cales (nous avions bien essayé plus tôt en mer mais le roulis nous empêchait d’y arriver efficacement). Et… sauter à l’eau!
jeudi, septembre 22, 2005
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2 commentaires:
Vous portiez tous des lunettes ?
Je pensais que pour travailler en mer, il fallait une vue parfaite.
C'est un mythe... Il faut un certain niveau de vue pour passer un brevet d'officier dans la marine marchande mais pour la salle des machines ce n'est pas nécéssaire. Et avec tous les instruments de nos jours, et avec les corrections (lunettes, verres de contacts etc) en pratique ce n'est plus tellement essentiel.
Pour la plaisance, je ne crois pas qu'il existe des lois particulières là dessus...
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