samedi, septembre 10, 2005

canard à voile : jour 3

Jour 3 (le 15 mai)

09h50. Je ferai le point à 10h. Hier, le temps s’est morpioné dans l’après-midi. Après que nous ayions vu les dauphins! Une bonne douzaine, je n’en avais jamais vu de si près! Sur le Baron, nous étions très hauts, quand je les voyais mais là, nous étions à leur niveau! Magnifique spectacle! (J'ai pas de photos car Paul a fait délete, par erreur... par contre j'ai une jolie photo de méduse. Enfin je crois que c'est une méduse...)
J’avais un quart de 19 à 22h, puis cette nuit de 02 à 04h. Je croyais être bonne pour voir un superbe lever de soleil comme hier matin, mais peine perdue, j’étais à l’affût de la lueur du jour à partir de 03h30, mais… rien. Le noir sidéral et interplanétaire. Je me suis recouchée avant que le soleil se lève.

Mauvais quart : beaucoup de tangage, en plus Paul m’avait stressée en mentionnant que selon ses calculs, nous avions encore seulement pour 3 jours de combustible max. La panne sèche, le cauchemar de tout chef mécano. Mais ça n’avait pas l’air d’énerver Paul, puisque nous sommes sur un voilier. Sauf que l’alternateur est mené par le moteur principal… Pas de moteur, pas d'alternateur, donc pas de batteries, donc pas d'électricité... À gauche sur la photo, je surveille la jauge de carburant...

OOOOH c’est de nouveau l’heure du point! (Avec Simon Durivage!) J’aime bien faire le point (mettre notre position sur la carte) et je le fais le plus souvent possible. Ma seule limite est que sur l’échelle de carte que nous avons en ce moment, les points sont à une distance de quelques millimètres seulement les uns des autres. Ce n’est pas très encourageant… Notre carte actuelle part du Groenland et se rend jusqu'en Amérique du Sud...

Voilà, les données sont prises, je porterai le point sur la carte tout à l’heure. Rien ne presse, pas grand-chose autour… La précision du GPS est de 14 pieds par moments. Avec notre échelle de carte qui donne 10 milles nautiques au millimètre, c’est un luxe inutile! Par contre, j’aimerais bien que le téléphone satellite fonctionne.

Paul décide que nous passerions par les Bermudes! Le vent est trop chiant pour que ça vaille la peine de continuer à voile dans notre direction initiale. Nous n’en pouvons plus de joie! Nous pourrons prendre du fuel, de l’eau douce, quelques provisions fraîches (quoique nous ne sommes inquiets ni pour l’eau potable ni pour la bouffe), régler le cas du téléphone satellite, et en prime, je pourrai aller faire un pied de nez de près aux dirigeants de la Gypsum (mon employeur habituel sur le navire marchand)!

Le temps s’est considérablement adouci, nous troquons nos trois épaisseurs de chandails et de pantalons pour des T-shirts. Le soleil s’est montré, la brume de ce matin s’est levée.

Nous décidons de remplacer les petits quarts de 2 heures par des quarts de 3 heures. Fini l’alternance 2 heures/3 heures, les quarts dureront tous 3 heures avec 6 heures de repos. Nous sommes tous épuisés de notre dernière nuit. J’ai fini mon quart de 09 à 12h, mon prochain quart sera de 18 à 21h puis de 03 à 06h. Parfait, j’aime bien voir le soleil se lever!

12h30. Nous venons de croiser un autre voilier, nous nous sommes parlés sur le VHF, c’était sympathique! C’est un Allemand, je crois, nous avons communiqué en anglais, ils allaient je ne sais trop où, je n’ai pas compris, mais ils semblaient traverser vers l’Europe. Ils ont manifesté leur surprise et leur ravissement de rencontrer une autre voile au beau milieu de l’Atlantique.

On ne voit qu'une petite crotte blanche à l'horizon, mais pour nous, c'était la fououououle!

Le Fax n’arrête pas de cracher des feuilles de météo.

Position de midi : 37° 17’ latitude, 59° 55’ longitude. Nous sommes à peu près à la hauteur de Norfolk, environ… Il fait encore un peu froid…

Zut, je me rends compte que j’ai oublié d’avoir peur et de me raconter des histoires au sujet de cette voile : ça aurait pu être un pirate et nous aurions pu vivre des aventures extraordinaires!!! Tant pis, ce sera pour la prochaine fois!