mercredi, septembre 14, 2005

Canard à voile : jour 6

Jour 6 (18 mai)

01h10. Nous sommes à 223 milles de notre point milieu. Cette nuit je fais le quart de minuit à 03h, le plus dur selon l’avis de tous. Notre horaire de quarts (alternance de 2 heures et de 3 heures) se répète tous les 3 jours.

Nous avons baissé les voiles hier en fin d’après-midi et nous faisons du moteur. Pas trop de vent…

Je tente de temps en temps le téléphone satellite. Peine perdue, il nous dit toujours la même chose : «press clear, code 5009». Qu’est-ce qu’un code 5009??? Moi qui fantasmais sur le fait de pouvoir faire un appel tous les jours, pour donner des nouvelles... Bon, tant pis, nous sommes coupés du monde et le monde est coupé de nous. Libre à eux de nous imaginer dérivant sur un radeau de fortune, assoiffés, affamés, pendant des jours et des jours sous un soleil brûlant, et de se réjouir de notre retour triomphal après deux semaines d'angoisse totale!

Le soleil ne se lève pas vite, le matin...


Nous gérons les déchets comme des vrais Ti-Mé : le biodégradable est lancé par-dessus bord pour nourrir les goélands, nous remplissons d’eau de mer les bouteilles vides pour les faire caler au fond de l’eau, et nous rinçons soigneusement nos déchets non biodégradables à l’eau de mer (pour ne pas gaspiller l’eau douce). Et toutes nos poubelles (nettoyées) sont stockées à l'arrière du voilier, dans le petit zodiac. Arrivés à St-Martin, nous aurons des poubelles qui sentent bon.

Aujourd’hui, nous avons lavé le cockpit à la brosse et à l’eau de mer. JM a amorcé la procédure. Je crois qu’il est un peu compulsif.


Il a continué à frotter bien après que nous ayions perdu tout intérêt pour cette nouvelle activité. Paul a fini par aller s’amuser avec son attirail de pêche,


et moi je me suis installée pour finir un bouquin.




Le Drame de la journée : Paul a perdu ses photos numériques en pressant malencontreusement sur le bouton «delete». Il est frustré. C’est pour ça que nous n’avons pas de photo des dauphins que nous avions vus il y a quelques jours…

Le soleil se couche de plus en plus tôt et se lève de plus en plus tard à mesure qu’on descend dans le sud. Nous perdons 6 minutes par jour environ sur le coucher (dont l’heure est indiquée sur le GPS). La lune est nouvelle, rien à voir de ce côté. Nous avons soupé tard, il faisait déjà noir. C’est moi qui ai préparé le repas : une bouette familiale d’agneau, tomates, ognons, laitue et fromage, pour mettre dans des pains pita. Avec de la mayonnaise.

Paul a trouvé un paquet supplémentaire de pains pita en faisant le ménage du frigidaire. Nous n’en pouvions plus de joie! (Oui, je sais, il suffit de peu pour que nous n’en puissions plus de joie…) Mais il faut dire que nous étions à court de pain. Du beurre de pinottes sur des petits biscuits secs, c’est pas terrible! Surtout s’ils sont aromatisés au basilic.

Position de 20h : 31°18,1’N et 58°18,3’O

Le coucher de soleil est extraordinaire! Et Paul n'en a pas perdu les photos, heureusement!






À partir d’ici, je ferai de la retranscription de notes prises à la main…