vendredi, septembre 09, 2005

Canard à voile : jour 2

Jour 2 (le 14 mai)

Je suis en pleine forme ce matin! J'avais commencé ce voyage en prenant une brosse de deux verres de vin et demie, mais maintenant, fini le mal de coeur! Il est 04h, je me suis levée pour mon quart qui ne va durer que 2 heures.
Nos horaires de quart sont assez fantaisistes : nous alternons des quarts de 2 heures et des quarts de 3 heures… Une idée de Paul.

Il fait déjà clair, et la lune est un mince croissant en D, donc qui décroît. Comme dans «D». Ça veut dire que dans 2 jours, à la nouvelle lune, je n’y verrai plus rien la nuit. Aïe!

Mon quart d’hier soir était très mouvementé. Je suis arrivée à 20h, le soleil était déjà couché, et nous arrivions dans une zone de plate-formes de forage. Une armada de lumières à l’horizon, de multiples échos sur l’écran du radar. Je devais les surveiller tous, je n’étais pas sûre si ces lumières étaient fixes ou mobiles.

Aujourd’hui promet d’être plus tranquille, nous sommes pas mal au large. En plus, la mer est vraiment calme...


Le GPS que Paul a réussi à programmer nous dit que nous sommes à 793 milles nautiques de notre point de milieu. Nous traversons en ce moment le courant du Labrador, qui nous pousse vers l’est, puis nous arriverons au courant du golfe Stream, qui nous repoussera un peu vers l’ouest, mais nous ralentira aussi dans notre course vers le sud.

L’idée est donc de passer au plus vite ces deux courants, de manière à nous retrouver en bout de course avec des courants favorables, et les alizés qui nous ramènerons à St-Martin. Nous nous dirigeons donc vers un point intermédiaire, à mi-chemin de St-Martin, mais un peu vers l’ouest. C’est plus facile avec une carte, je sais…

Paul a tenté à son tour de réparer la chaufferette mais tout ce qu’il a réussi à faire, c’est brûler son Kanuk. Il en fait une réparation d’urgence (à son Kanuk) avec du duck tape. Paul est un vaillant couturier...

Pour l’instant, pas trop de vent. La mer est calme. J’ai mon ordi, que je peux recharger à volonté, et écrire directement sur le traitement de texte, comble du luxe.

11h. De nouveau mon quart. Nous alternons toujours des blocs de 2 heures de quart avec des blocs de 3 heures. Le ciel s’est couvert, le vent s’est à peine levé (2 nœuds). Juste assez pour monter les voiles. Nous tentons de manger ce qui est périssable de façon à ne pas perdre de bouffe. Petit-déjeuner de manger mou (du jambon haché, souvenir des goûts barbares de nos prédécesseurs), un reste de baguette, laitue, tomate. Alerte de bas niveau : le pot de mayonnaise se vide à vue d’œil! Heureusement, nous en trouvons un autre pot dans une armoire.

Il reste une multitude de sacs de chips et de cochonneries. Mais contrairement à ce qui ce passe à terre, quand on n’a rien à faire, on ne gaspille pas ce précieux temps libre à manger. La lecture, l’écoute (à partir de mon ordi) de «caca dans la bruyère» ou de «l’album de Youri Globenflobitch», prendre des photos ou des vidéos, écrire, toutes ces choses sont autrement plus intéressantes que grignoter. Et puisqu'il est difficile de faire tenir un bol de chips à l'horizontale sur un bateau perpétuellement incliné et en mouvement, on se garde nos mains pour des activités plus intéressantes.

Rien sur l’eau de toute la matinée, à l’exception d’un morceau de bois qui flottait, de quelques oiseaux de mer et d’un pauvre moineau ébouriffé qui est venu se reposer un peu sur le pont. On le voit un peu à la droite du mât...
Nous avons monté les voiles, ça fait joli, mais sans beaucoup d’utilité dans ce temps de calme plat.


Nous restons avec le moteur, avec une moyenne de 7 nœuds. On est loin d'être arrivés! On n’y pense même pas!

À midi nous étions à 42° 06,3’ de latitude nord et nous devons nous descendre à 18° 22,3’!!!