jeudi, septembre 08, 2005

Canard à voile : jour 1

Jour 1 (le 13 mai)

J’ai gelé toute la nuit. Nous larguons les amarres à 05h30, après avoir décidé de ne pas compléter notre chargement d’eau. Nous avons tout de même 500 litres qui restent, nous économiserons et nous puerons de concert.

Après mon quart matinal, je tente de réparer la chaufferette au diésel. Je réussis à la faire partir et je suis monstrueusement fière de moi. Pas de quoi pavoiser puisqu’au bout de 10 minutes elle s’éteint de nouveau. Je cherche plus longuement, rien à faire. À force de rester accroupie dans le compartiment des machines à la puanteur, je finis par attraper un léger mal de cœur.

Je crois que j’ai trop bu de vin hier soir. Fini le vin pour moi. Je vais passer au vingt et un, comme dit JM, un boute-en-train.

Les quarts de jour sont plutôt informels. On va et on vient, on délègue la responsabilité à qui est sur place pendant qu’on va faire autre chose.

Je n’ai pas trop faim, je mange à peine. Je fais des siestes quand je peux, je bois du 7-up dilué avec de l’eau, et mon mal de cœur finit par passer. Ça m’apprendra à boire immodérément.

Il fait décidément trop froid pour dormir en avant. La salle des machines est à l'arrière et la chaleur du moteur ne se rend pas à l'avant. Nous décidons d’alterner les couchettes : il y a deux couchettes en arrière, juste derrière la salle des machines. Quand le moteur fonctionne (et il fonctionne presque toujours, le vent n’est pas assez fort), il dispense une douce chaleur, en plus de son tapage infernal. Peu importe le bruit, la chaleur est la bienvenue. Naturellement, pour conserver la chaleur, il faut garder fermer les écoutilles.

Ici, on voit, de la cuisine, les escaliers qui mènent au cockpit. Le petit corridore à peine visible à gauche derrière l'escalier mène à la salle des machines et à la cabine arrière.


Et voici la cabine arrière. Ouais, je sais, c'est pas évident de faire des photos dans un endroit restreint...


Tiens, juste pour se faire plaisir, une autre :


Paul m’a réveillée pour le quart de 20 à 23h, puis il a pris ma couchette. Quand j’ai réveillé JM à 23h, j’ai pris la sienne. Quand JM réveillera Paul à 02h, il prendra la sienne. Et ainsi de suite. Il y aura toujours des couchettes chaudes…

C’est notre première journée de navigation, les entrées dans le journal de bord sont sérieuses, techniques et complètes. Malheureusement, on n’a pas de thermomètre. Un radar, un GPS, un pilote automatique, une tv-vidéo, un système de son écoeurant, mais pas de thermomètre. De toute façon, il fait… frette.

Notre position à 15h : 44° 35' N et 60° 43' O.

Et pour faire ma fraîche, je prends des poses à la roue (sur le pilote automatique) et je fais semblant de scruter l'horizon (sur le radar)... Il ne me manque qu'une pipe pour faire très Popeye...

3 commentaires:

Tagmata a dit...

J'avais mis un commentaire à l'article précédent. Mais je ne sais pas pourquoi il n'apparaît pas. Je le reposte içi.

L'ami JM part pour 1600 milles sans avoir jamais fait de voile ? Je ne savais pas que c'était possible. En fait je suis un peu envieux. En effet, mon expérience de la voile se limite à trois demi-journées sur un lac. J'aimerai vraiment embarquer quelques semaines sur un grand voilier, apprendre le métier de gabier.

Sinon, je vois une cloche dans la cuisine. Je suppose qu'elle ne vous sert pas à signaler les changements de quart. C'est pour appeler à la soupe ?

coyote des neiges a dit...

Ce voilier est un 56 pieds, pas très grand, et mon frère est un pro du convoyage de voilier. Au pire, il aurait fait le trajet tout seul. Donc les coéquipiers, avec ou sans expérience, ne faisaient qu'alléger sa tâche. À condition de vouloir apprendre et ne pas avoir peur de faire sa part.

La cloche, c'est au cas où il y en a un qui tombe à l'eau, pour signaler le branle-bas de combat! (non, je blague!) Quand tu vois une cloche comme ça dans un bar et que tu la sonnes, la tradition veut que ce soit toi qui paie la tournée. Fais attention, ça peut coûter cher!

Tagmata a dit...

"À condition de vouloir apprendre et ne pas avoir peur de faire sa part."

Mais c'est très intéressant ça. Est-ce que ton frère connaît des collègues en France qui ferait la même chose ? Je suis bien intéressé en fait.